Juin 1940. Rouvray-St-Florentin, en plein coeur de la Beauce, est traversé par un itinéraire d'évacuation, la route Auneau-Bonneval. Des flots de Belges, de gens du Nord, puis de Parisiens fuient l'avance allemande. Automobiles, vélos, charrettes, landaus, brouettes, carrioles, s'écoulent dans l'unique rue du village. La moitié du village a mal aux pieds.
Pendant ce temps, Lucien travaille ses champs. Les foins, la moisson qui approche, les haricots, le préoccupent bien davantage. Il a fait 14 et Verdun. Il en a vu d'autres. Et puis, n'est-on pas loin derrière la ligne Maginot ? Le maréchal Pétain n'a-t-il pas repris les choses en main ?

Oui, mais la guerre se rapproche. Des bruits courent. La mère a peur. Un matin, on cède à la panique et on abandonne ses terres, sa ferme, ses bêtes. Lucien charge sa gerbière et tout le monde part en emmenant pêle-mêle la grand-mère impotente, la machine à coudre, la belle-fille enceinte qui se morfond de n'avoir aucune nouvelle du mari mobilisé, de l'avoine pour le cheval et un bric-à-brac aussi hétéroclite qu'inutile.

L'auteur : Roger Judenne

Roger Judenne a écouté pendant plus de vingt ans les gens d'un village beauceron raconter leur exode. Ces mille anecdotes ainsi que des faits historiques locaux connus ou ignorés constituent le cadre de cette histoire. Tout comme dans L'ACHAUFERDIE, le rire côtoie le drame, l'égrillard est le cousin de la mort et la violence précède la tendresse dans ce roman écrit avec les passions d'un paysan.
Roger Judenne a publié 16 livres. Le Centre international de l'enfance et l'UNICEF lui ont décerné en 1989 le prix "Enfance du Monde".