Vers 15h, juste quand la dame du groupe de Bordeaux, assise à côté de moi sur une table basse, me disait qu'elle n'avait plus beaucoup d'espoir de revoir sa maison ce soir, le haut-parleur crachouilleur invite les voyageurs pour... Bordeaux à se présenter à l'enregistrement !

En une seconde, on assiste à un divertissant chassé-croisé entre les bordelais qui foncent joyeusement vers l'entrée du guide-file et les laissés pour compte du sud-ouest qui s'en éloignent tristement. Bon voyage les bordelais !

Deux palmiers et une petite bouteille d'eau de Chez Paul plus tard, ce sont les voyageurs de Pau qui partent. Nouveau mouvement de foule. Un peu de précipitation et beaucoup de soulagement pour les heureux élus. Une jeune femme non francophone semble ne pas avoir entendu l'appel, concentrée sur l'écran de son ordinateur portable.

- " Madame, madame ! Vous allez à Pau ? Votre avion, il part ! " accompagné de gestes évocateurs relayés jusqu'à la dame par d'autres voyageurs laissés pour compte eux aussi pour l'instant. On n'est pas les seuls.

L'attente reprend. De Biarritz ou de Perpignan, nous n'entendrons plus parler. Sans doute ont-ils décollé en toute discrétion, sans tambours ni trompettes, ces destinations n'étant plus signalées sur le panneau électronique. Reste le seul et unique aéroport en détresse : Toulouse.

Mais soudain, que vois-je de mes yeux-vu sur le sus-cité panneau électronique :
"17h50 Toulouse : En cours d'enregistrement".
Youpi ! Les affaires reprennent. Fini de flâner entre les valises, d'errer de la dame pipi à l'air frais du dehors, de faire la causette avec ses voisins ou de lire son nouveau livre acheté du jour. Sus à l'enregistrement B !

Personne ne s'est encore aperçu de rien. Il n'y a pas foule pour l'instant à l'entrée de l'enregistrement pour l'avion de 17h50, le premier vol de la journée. N'ébruitons pas l'affaire. Profitons-en pour nous mettre en bonne position, presqu'au début de la file d'attente imminente.

Nous savons, pour l'avoir entendu à maintes reprises au cours de la journée, que sont prioritaires : ceux qui ont une réservation sur ce vol ou une correspondance ainsi que les enfants. Les autres, comme nous, ne peuvent qu'espérer un désistement en s'inscrivant sur la liste d'attente.

L'entrée du guide-fil s'ouvre. L'hôtesse confirme au passage que c'est bien l'enregistrement pour l'avion de Toulouse. Tout sourire. Nous aussi. Quand nous sommes à la moitié du guide-fil, le haut-parleur crachouilleur annonce que les voyageurs qui n'ont pas pu prendre les avions précédents peuvent aller s'inscrire à l'enregistrement sur liste d'attente. On a bon. On est au bon endroit. On les aura !

Derrière nous, un immense serpent humain s'est formé en une seconde. Sans pagaille ni affolement. Le savoir-faire Air-France sans doute. Personne ne bronche, donc... personne ne bronche.

Le monsieur de l'enregistrement nous met sur liste d'attente. Super, ça marche !

-" Avons-nous une chance de partir avant 19h50 ?"
- " Je ne sais pas. Peut-être "
- " On sera dans le même avion ? "
- " Pas forcément. Tout peut arriver. "
Avec un petit air de "Avec Air-France, attendez-vous à tout".
Depuis ce matin, on avait remarqué...

Et ce n'était pas fini...

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